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L'aventure du couple



Toute relation est complexe, et ce quelque soit le type de relation : professionnelle, amicale, familiale... On ne peut que noter à quel point c'est si souvent difficile de se parler et de se comprendre, de se dire les choses sans forcément créer de conflits, d'être en conflit sans se sentir mal ou avoir l'impression d'être en rupture avec l'autre, ou que ce ne sera pas sans conséquences... Pourquoi est ce si compliqué ? Parce que dans toute relation il n'est pas question QUE de ce qui se passe ou se dit sur le moment mais aussi et même surtout de notre interprétation de la réalité du moment. Cette interprétation qui provient de notre histoire plus ou moins lointaine (hier ou il y a 20 ans) nous conduit à entendre et vivre le moment sur quelque chose de faussé, et donc à inter-réagir dans la relation de façon inadaptée. La relation amoureuse dans ce qu'elle vient nous toucher au plus profond de nous, réactive nos blessures et met en évidence nos failles les plus intimes. C'est de tout cela dont il va être question dans les chapitres qui suivent :

« Le berceau de l'Amour » nous donnera un éclairage sur comment se crée en nous notre besoin d'amour, notre aptitude à nouer des liens et les enjeux qui leurs sont inhérents. « La magie de la rencontre » nous parlera de ce moment si particulier qu'est la rencontre amoureuse. « La face cachée du couple » nous permettra d'évoquer ce qui constitue ce lien d'Amour et les dynamiques relationnelles qui l'animent. « La sexualité est le lieu du couple » nous amènera à comprendre en quoi la sexualité est tellement importante et constitutive de la relation de couple. Et enfin, « Que faire... ? » nous proposera quelques pistes pour se donner une chance de vivre de meilleure façon cette grande aventure de la vie qu'est l'Amour... Le berceau de l'amour Le besoin d'attachement


Le besoin d'attachement fait partie de nos besoins fondamentaux au même titre que manger ou boire. Il se tisse sur le besoin d'être sécurisé, protégé et réconforté qui sont des besoins vitaux . L'hospitalisme grave trouble de l'attachement en témoigne, il s'agit d'enfants qui se laissent mourir psychiquement alors qu'ils sont très bien soignés et nourris physiquement mais qu'ils ne reçoivent justement aucune nourriture affective. Après être passés par une phase où ils réclament douloureusement le contact et la chaleur des personnes qui s'occupent d'eux, c'est à dire à nouer un lien, ils finissent en désespoir de cause (et c'est bien de désespoir dont il s'agit) par se replier sur eux, couper tout contact avec les autres et entrent dans une profonde dépression. Cela a pu être étudié notamment après guerre dans des orphelinats où le personnel en nombre insuffisant était surtout pris par l'urgence des besoins physiques et n'avait pas la disponibilité nécessaire pour cet aspect affectif de la relation à l'enfant dont ils avaient la charge.


L'attachement, l'amour ?

L'attachement est le prototype en quelque sorte de l'amour, c'est là que tout commence.

L'objet d'attachement (la personne qui s'occupe quotidiennement de l'enfant) se constitue à partir de la continuité de la présence et de la satisfaction des besoins, psychiquement s'installe un sentiment de gratitude envers cet objet, le sentiment de gratitude étant à l'origine du sentiment d'amour (M. Klein). Les racines de l'ambivalence se trouvent ici (ainsi qu'à un autre niveau comme nous le verrons) car le moindre retard, la moindre frustration, (tout ne se passe pas toujours bien , en conformité avec son besoin du moment) va être vécue par le bébé comme quelque chose de mauvais, quelque chose contre lui et déclencher sa rage, des mouvements très violents de destruction contre cet objet malfaisant = haine. A cela suivent bien sûr des moments de jouissance intense, de profonde satisfaction provoquant la gratitude évoquée = amour.

Mais le bébé dans sa toute puissance est toujours dans la peur, l'angoisse d'avoir détruit son objet d'amour dans ses mouvements de destruction, ce qui crée en lui un sentiment de culpabilité et en réponse à celui ci, un besoin de réparation. C'est à dire que dans son fantasme de toute puissance autant il s'imagine avoir endommagé son objet d'amour et en ressent de la culpabilité, autant il s'imagine pouvoir réparer ces dommages.

L'autre niveau dans lequel plongent les racines de l'ambivalence propre au sentiment amoureux concerne la dialectique besoin de sécurité/besoin d'autonomie.

Et nous voilà avec tous les ingrédients de l'amour !!

Le besoin de sécurité et donc d'attachement empreint d'une grande violence émotionnelle dans laquelle se fonde l'ambivalence des sentiments amour/haine, et à l'opposé, le besoin d'autonomie/liberté, car si on a besoin du socle, du terreau de la sécurité émotionnelle pour se développer, on a aussi besoin de s'en extraire pour exister.

L'ambivalence par rapport à l'objet d'amour trouve ainsi son origine à la fois dans la dualité satisfaction/frustration créant la dialectique Amour/Haine et dans l'opposition de ces deux besoins contradictoires qui nous sont tout aussi essentiels l'un que l'autre : sécurité/dépendance et liberté/autonomie. De quoi tout cela parle t-il ? De notre construction psychique, de la lutte vitale des origines pour que notre Moi puisse émerger, ayant reçu suffisamment sa nourriture d'amour = sécurité/satisfaction, et poursuivre toujours et encore sa croissance en se mettant à l'épreuve de la rencontre avec l'autre, les autres, le monde... = liberté/autonomie.

Notre vie durant nous aurons à faire avec ces besoins contradictoires, plus ou moins comblés, plus ou moins dans des manques, dans des attentes dans lesquels s'actualisent et se révèlent nos blessures et nos failles narcissiques.


Le regard de l'autre...


C'est dans le regard (au sens large, c'est à dire maternage, caresses, mots d'amour et de tendresse, attention...) de l'autre que nous commençons à exister et nous n'avons de cesse que de chercher à nous conforter, à confirmer notre existence dans le regard d'autrui, tout en ayant le besoin vital de nous différencier. Car si nous restons captif du regard de l'autre nous n'existons pas en tant que Moi différencié mais si personne n'est là pour nous regarder, pour nous renvoyer notre reflet alors nous n'existons plus.

L'amour, un chemin de maturité

L'amour est toujours narcissique, pour une part on aime que soi... On aime l'autre pour ce qu'il nous apporte et tout le travail va consister à rencontrer l'autre véritablement ; Mais on ne peut aller vers cette rencontre qu'à partir d'un Moi suffisamment construit/élaboré. En ce sens, l'amour est un chemin de maturité : on grandit grâce à l'autre puis on doit s'en détacher pour pouvoir mieux le retrouver. La relation de couple va donc être le champs privilégié pour que ces besoins contradictoires (sécurité/autonomie), nos quêtes et nos combats se réactualisent afin de tenter de se résoudre, de se réparer. Ainsi, « la relation conjugale se constitue autour des parties de soi qui sont le moins bien achevées ». (S. Hefez) C'est pourquoi aussi il peut être un lieu de maturation où chacun peut grandir avec l'autre. Nous passons notre vie à tenter de nous guérir de notre histoire au pire et à nous construire dans une singularité au mieux, le couple avec la proximité/l'intimité avec l'autre dans laquelle il nous place de fait, peut être ce champs d'expérimentation de nous même et de rencontre vraie de l'autre. La magie de la rencontre

Hasard ou nécessité !? « Si on peut penser qu'une rencontre se fait par hasard on peut se dire que le choix de l'autre n'est jamais le fruit du hasard... » Le moment de la rencontre parle en soi des attentes et des besoins de chacun. D'autant plus s'il s'agit d'un coup de foudre mais quoiqu'il en soit toute la dimension inconsciente du lien amoureux apparaît à ce moment là. Comme si justement les inconscients se cherchaient et se répondaient l'un l'autre, et surtout se trouvaient comme par magie... Car là est le véritable mystère de la rencontre de deux êtres qui ne savent rien l'un de l'autre et qui pourtant savent déjà l'essentiel pour ce qui est du projet inconscient ! « Mais je ne pouvais pas savoir qu'il allait être aussi mou (comme mon père) ou qu'elle serait aussi exigeante (comme ma mère ou ma tante que j'admirais tant et qui me paralysait)... » Et voilà comment une relation, un lien se noue , déjà tellement empreint d'autres histoires, d'autres relations. Mais dans ces premiers temps de la relation « la lune de miel », la fusion avec l'autre et son idéalisation sont au premier plan, c'est la phase narcissique de la relation ou l'autre est plus un autre nous même qu'un autre véritablement. 1+1=1 On s'entend pour dire en général que cette phase dure environ deux/trois ans, puis les ennuis commencent.. ! La face cachée du couple Cette face cachée nous parle précisément du projet inconscient qui préside au choix amoureux. En effet si, très vite, le couple va fonctionner dans un certain cadre avec ses propres règles (gestion de l'argent, partage des tâches ménagères, moments hors du couple pour chacun...). En arrière plan de ce fonctionnement objectif plus ou moins bien balisé et clairement exprimé va œuvrer en sourdine ce qui au fond est à la base de la relation : l’emboîtement névrotique c'est à dire ce sur quoi se fonde le lien amoureux sur le plan inconscient. On peut dire, au risque d'être un peu caricatural (mais parfois cela a le mérite de parler clairement de choses très compliquées !) que le lien d'amour comporte une part sentimentale, qui est cet élan qui nous pousse et nous porte vers l'autre, et, une part névrotique, cette part névrotique est faite de la problématique de chacun et donc des demandes, attentes, désirs, manques, frustrations, colères... Ceci va chercher à s'exprimer dans la relation sous la forme de fonctionnements/mécanismes qui créeront l’emboîtement névrotique du couple.

Les fonctionnements/mécanismes Quelques exemples d’emboîtements et de leur dynamique parleront d'eux même : Répétitions = scène d'un scénario qu'on connaît trop bien et qu'on répète à l'infini cherchant en cela à y mettre fin :

Par exemple une femme abandonnée par sa mère et qui ne fera que « tomber » sur des hommes distants et froids qui finiront par l'abandonner tant elle les étouffe par ses demandes de preuves d'amour,

Rôles que l'on va adopter par rapport à son partenaire : soignant/soigné, le papa et la petite fille, la mère et l'ado, la victime et le bourreau.

Projections : projection sur l'autre de ses propres ressentis, qualités, défauts, besoins/désirs etc... par exemple, je suis en colère pour une raison ou une autre et rentrant à la maison je perçois une animosité chez mon conjoint... je me sens coupable de quelque chose et je lui demande ce qui ne va pas ayant le sentiment qu'il m'en veut..

Besoin de réparation : dans le « choix » du partenaire on cherchera à se réparer ou à réparer un parent, par exemple un homme ayant eu une mère soumise et en souffrance avec un père autoritaire qui « choisira » une partenaire fragile qu'il protégera comme il aurait souhaité pouvoir protéger sa mère.

Idéalisation du partenaire ou d'une partie de lui : « tu es tellement bien et tu t'intéresses à moi donc je suis bien », l'idéalité de l'autre rejaillit sur soi. En fait il y a projection sur l'autre de son propre Idéal du Moi, autrement dit de ce que l'on voudrait être soi même dans l'idéal. Par exemple les femmes qui ont besoin d'être avec des hommes de pouvoir ou les hommes avec de très belles femmes ou très intelligentes... La qualité, la nature et la pérennité de la relation dépendra de la proportion de la part sentimentale et de la part névrotique du lien d'Amour : ainsi si la part névrotique prend trop de place au détriment de la part sentimentale, ou que le sentiment sert d'alibi à la mise en actes et en scène de la part névrotique, ou encore si l'évolution de l'un des partenaires fait que l’emboîtement des deux névroses n'est plus « adapté » créant ainsi une disjonction entre les deux partenaires puisque leur névrose respective ne se répondent plus. La sexualité est le lieu du couple Se dire, se vivre...


​C'est le lieu où le NOUS va pouvoir se dire et se vivre, ainsi souvent la sexualité va être un révélateur de l'état de santé du couple car si c'est le lieu ou le NOUS s'écrit à quatre mains , c'est aussi le lieu où la différence se vit dans ce qu'elle a de plus essentiel : différence des sexes, différence de désirs, différence de besoins, différence de rythmes, différence de ressentis...

C'est le lieu où il s'agit d'exprimer qui on est et ce qu'on veut, c'est à dire d'exprimer son désir tout en tenant compte de celui de l'autre. C'est le lieu par excellence ou le JE rencontre le TU, car s'il n'y a pas plus fusionnel qu'une relation sexuelle en même temps chacun doit pouvoir se situer en lui même, dans son propre ressenti. Paradoxe de la sexualité comme du lien amoureux qui nous demandent d'être unis tout en étant séparés faute de quoi rien véritablement ne peut se passer. Car si on est trop dans le désir de l'autre on se perd et si à contrario on ne peut recevoir le désir de l'autre aucune véritable rencontre ne peut se faire...

Ainsi le lieu de la sexualité pourra aussi et même précisément servir de lieu d'expression de la problématique du couple ou/et de l'un des partenaires : Conflit ou difficulté relationnelle qui va trouver à se parler de cette manière là, je prends mes distances par rapport à toi (pas de désir), j'exprime mon agressivité ou mon inconfort avec toi (dysfonction érectile ou éjaculation rapide), j'exprime combien j'ai mal avec toi, combien tu me fais mal (dyspareunie, mycoses à répétition), je prends le pouvoir sur toi en te donnant ou en ne te donnant pas = je te dis non/oui...

Parfois le dysfonctionnement sexuel parlera de l’emboîtement...

...

Que faire ?

suite de l'article en cliquant sur ce lien : http://www.psychologue-nimes.fr


Denise Maran, psychologue clinicienne, psychanalyste et psychothérapeute à Nîmes

Psychologue clinicienne de formation (DESS en Psychologie clinique et pathologique à l'université Paris VII en 1988), Denise MARAN intervient dans les formations L'entretien pré-natal précoce au coeur du suivi pré, per et post natal niveau 1 et 2 et "Préparation à la naissance et à la parentalité : coaching parental, gestion du stress et de la douleur, avec Marie-Josée FALEVITCH, sage-femme libérale et sophrologue caycédienne.

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